
Le Collectif Némésis a toujours critiqué le voile islamique. Et depuis quelque temps, nous voyons apparaître une rhétorique de défense assez surprenante : le voile islamique ne serait pas différent du voile chrétien.
Pour comprendre la différence entre le voile chrétien, porté par les bonnes sœurs, et le voile islamique, il convient tout d’abord de retracer leurs origines.
Le voile chrétien, porté par les nonnes, est un uniforme dit sacerdotal : il représente un mariage symbolique entre Dieu, Jésus et ses femmes de foi. Il s’agit d’un héritage des vestales romaines, vouées à la chasteté durant les trente années que dure leur fonction.
Ainsi, les nonnes vivent en quasi-autarcie : elles font vœu de célibat, de chasteté, de pauvreté et de sacrifice.
Sans aucune connotation sexuelle, le voile est uniquement spirituel et ne sert en aucun cas à se cacher des hommes : les nonnes ne le retirent pas lorsqu’elles sont entre femmes, et il n’est également pas obligatoire.
En conclusion, le voile chrétien est :
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Un symbole exclusivement spirituel
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Réservé aux nonnes
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Porté en tout lieu
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Un uniforme religieux, comparable à une tenue de fonction
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Jamais imposé à toutes les femmes, même dans les régimes catholiques les plus conservateurs
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Non obligatoire
Mais alors, quid du voile islamique ?
Le voile islamique n’est pas (que) un symbole spirituel ou religieux.
Le Coran étant un texte à la fois politique, social et juridique, le port du voile y fait l’objet de plusieurs versets, mais il n’est jamais question de spiritualité.
En effet, dans la sourate 33, verset 59, le voile est décrit comme un outil permettant de « protéger les femmes musulmanes de l’offense ».
Il est également précisé que le voile servirait à distinguer une femme pieuse et « pure » d’une esclave ou d’une non-croyante, qui pouvait donc légitimement être prise de force.
Ainsi, le voile devient un attribut vestimentaire ayant pour vocation de marquer l’infériorité d’un groupe d’humains — en l’occurrence, les femmes.
Le prétexte est simple : sanctuariser la discrimination pour échapper au principe d’égalité entre les sexes et au féminisme.
Ou, plus simplement encore, sacraliser le port du voile au nom de la liberté religieuse.
En conclusion, le voile islamique, c’est :
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Un marqueur identitaire fort, sans réelle dimension spirituelle
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Un moyen de cacher la femme, perçue comme tentatrice et objet sexuel
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Une logique de culpabilisation des femmes plutôt qu’un appel à la maîtrise de soi des hommes
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Un vêtement à porter uniquement en présence d’hommes
Ainsi, la plus grande erreur que la France a pu commettre dans ce domaine réside dans la loi de mars 2004 sur les signes religieux.
En effet, il aurait fallu traiter le voile non comme un signe religieux, mais comme un signe discriminant.
En le considérant comme religieux, le législateur a en quelque sorte « excommunié » les musulmans qui ne reconnaissaient pas le voile, a galvanisé les islamistes et a déplacé le débat sur un terrain biaisé.
Nous nous retrouvons ainsi avec des défenseurs acharnés du voile islamique qui se permettent de le comparer au voile chrétien — souvent pour profiter d’une rhétorique de victimisation (cf. l’article sur les Frères musulmans et la création du terme « islamophobie ») afin d’éviter toute critique.
Critiquer le voile chrétien permet de parler d’un cas qui touche culturellement les Français pour mieux faire accepter le voile islamique. L’objectif est alors de lui donner un semblant de religiosité pour diviser le camp laïque.
Nina